L’économie du partage, après avoir suscité de grands enthousiasmes, est désormais escortée de son lot de critiques. On l’accuse d’avoir muté vers une économie de plateformes en situation de monopole pour lesquelles travaillent des indépendants précarisés. Mais le partage reste une voie économique viable et qu’il faut défendre. Voici quelques pistes pour choisir ce que l’on met en commun et en retirer des bénéfices réels.
Au Moyen Âge, les paysans cultivaient des terres communes. Chacun contribuait à les entretenir et il existait des règles pour user des fruits et ne pas épuiser la terre. Ce qui change aujourd’hui, c’est qu’avec les moyens technologiques, on peut créer de grands communs de la connaissance, des logiciels, du design, à une échelle planétaire et qui permettent à toute l’humanité d’y contribuer et d’y puiser disait Michel Bauwens, ancien chef d’entreprise et spécialiste de l’économie collaborative au Monde en juin 2015. La version contemporaine des terres communes médiévales, c’est “WeFarmUp”, plateforme créée en octobre 2015 qui propose aux agriculteurs de louer des machines entre eux. Après un an d’utilisation, le site revendiquait 4000 inscrits et un peu plus de 3000 machines disponibles à la location. Et la communauté continue de grandir. Même principe pour les amateurs avec Bricolib, qui permet de troquer des outils de bricolage avec ses voisins et dans sa communauté.
Au Moyen Âge, les paysans cultivaient des terres communes. Chacun contribuait à les entretenir et il existait des règles pour user des fruits et ne pas épuiser la terre. Ce qui change aujourd’hui, c’est qu’avec les moyens technologiques, on peut créer de grands communs de la connaissance, des logiciels, du design, à une échelle planétaire et qui permettent à toute l’humanité d’y contribuer et d’y puiser.
Qui dit partage dit communauté. Les “vraies” initiatives collaboratives s’appuient souvent sur des coopératives de producteurs et travailleurs ou sur des groupements de particuliers. À Austin, au Texas, RideAustin est une coopérative de chauffeurs qui offre une alternative à Uber. Après la décision de Londres d’interdire Uber, Taxiapp a vu le jour : une application entièrement gérée par les chauffeurs de taxis londoniens. Les usagers ont la simplicité de l’interface et de paiement qu’un service comme Uber leur offre, mais le prix n’est pas fixe et est décidé par le compteur. À l’autre bout de la chaîne, les consommateurs peuvent aussi s’organiser. Au Japon existent depuis 1965 les seitkatsus, coopératives locales de consommateurs. Le principe de base est le pré-achat des marchandises, en gros et directement auprès des producteurs. Ces coopératives sont au fil des décennies devenues très puissantes : elles fixent ainsi leurs propres règles en ce qui concerne les matières premières, les emballages, la conscience environnementale, etc. Les aliments produits sont tous certifiés bio et produits localement.
Enfin, pour pérenniser une économie qui partage vraiment, il faut lui donner un cadre juridique fort. Il faut développer l’imaginaire social et juridique !, dit Michel Bauwens. Les chartes sociales telles que celle de Wikipedia, l’encyclopédie collaborative par exemple, sont déjà de bons exemples de chartes du commun.
En France, il existe des groupes de juristes, comme Share Lex, qui travaillent à transformer les lois en faveur de l’économie du partage et à créer une jurisprudence du commun.
Il faut développer l’imaginaire social et juridique !, dit Michel Bauwens. Les chartes sociales telles que celle de Wikipedia, l’encyclopédie collaborative par exemple, sont déjà de bons exemples de chartes du commun.
Sur le même thème