En 2010, le mouvement des makers semblait promis à un tel âge d’or qu’on imaginait déjà qu’en 2017 les magasins de bricolage n’existeraient plus et qu’on aurait tous une imprimante 3D chez nous. Surprise ! Ça n’est pas encore le cas… Mais le mouvement a durablement répandu son éthique et son esprit en permettant l’adoption d’usages nouveaux, la création de lieux communautaires et mieux, l’éveil de la curiosité des consommateurs. Comme l’écrit Minh Man Nguyen, co-fondateur de la fabrique de quartier WoMa, “ces nouveaux termes (Makers, Fablabs, Hackhathons) entrés dans notre vocabulaire ces dernières années sont les signes d’une volonté de renversement de notre modèle économique et d’une vision plus ouverte et collaborative de l’industrie.”
Le mouvement maker se matérialise d’abord dans des lieux : les fameux maker spaces (où, comme leur nom l’indique, on fabrique des choses) et fab labs (plus tournés vers le prototypage et qui doivent respecter la charte des fablabs mise en place par le MIT).
Inscrits dans de véritables écosystèmes, modèles d’une économie locale et collaborative, ces espaces partagés invitent à la co-conception. (...) Les valeurs d’échange et le partage sont les principaux moteurs de ces lieux alternatifs, que ce soit dans le partage de l’espace et des outils, que dans l’échange de savoirs-faire, d’expériences et de connaissances,
explique Minh Man Nguyen. Ces dernières années, ces lieux ont fleuri un peu partout : WoMa à Paris, donc, mais aussi ICI Montreuil, le pionnier, ou encore La Machinerie à Amiens, 127° à Bordeaux, Artilect à Toulouse ou encore L.A.B à Aix-en-Provence… Parmi tant d’autres. On peut ajouter à la liste les ateliers de réparations, qui se multiplient aussi pour permettre aux particuliers des réparations qu’ils ne peuvent effectuer chez eux, en mettant à disposition machines, outils et conseils. Dans une logique de lutte contre l’obsolescence programmée, il s’agit d’être capable de réparer ses objets du quotidien : une approche qui est l’essence même du mouvement hacker. Au rayon des ateliers, on peut ainsi citer l’Atelier Solidaire de Saint-Ouen, qui initie les communautés de Saint-Ouen au bricolage, le Repair Café, à Paris, qui organise des sessions de bricolage et de réparation collaboratives, ou encore L’Atelier de René de la Recyclerie, pour apprendre à tout réparer. Le site Vélorution répertorie, lui, tous les ateliers de réparation de vélo participatifs et solidaires en Île-de-France.
À côté de ces initiatives “grassroots”, c’est-à-dire d’origine populaire et non institutionnelle, le mouvement maker a aussi infusé le monde de la grande entreprise. En plus de proposer des ateliers de bricolage, depuis 2015, Leroy Merlin a ainsi lancé son makerspace en France en partenariat avec le leader américain Techshop. Pour le groupe, c’est une manière de répondre aux demandes de clients de plus en plus férus de personnalisation et adeptes du DIY. Il y a en effet un vrai enjeu pour les grandes entreprises à saisir les opportunités offertes par un mouvement qui a pour origine, il ne faut pas l’ignorer, l’opposition au capitalisme et à la consommation. Comme l’écrivait Jérôme Ruskin, fondateur d’Usbek & Rica, en 2016 dans Les Échos :
être un Maker, c'est avant tout un état d'esprit. Un état d'esprit où l'honnêteté doit être un des ciments du contrat de marque qui rassemble dirigeants, collaborateurs et clients. Un état d'esprit qui doit valoriser la marque de fabrique d'une entreprise beaucoup plus que son image de marque.
Sept ans après le début de la vague maker, une chose est certaine : si les particuliers ont de plus en plus recours au DIY, ce sont surtout les inventeurs qui se sont emparés du mouvement. Les fab labs et maker spaces permettent en effet de tester des idées et de réaliser des prototypes à des prix bien moindres que tout ce qui était possible jusqu’alors. Et comme il faut être formé pour utiliser les machines (comme les imprimantes 3D ou les machines de découpe laser) que proposent ces lieux, ils se transforment de plus en plus en véritables structures d’accompagnement.
Toujours dans une dynamique du ‘faire soi-même’, les entrepreneurs d’aujourd’hui assument toutes les phases de création et de lancement de leur projet, écrit Minh Man Nguyen. (...) Répondant à une forte demande, les structures d’accompagnement se développent de plus en plus. Elles sont spécialisées dans un domaine ou englobent tous les domaines d’expertises et répondent à chaque étape de la création et du lancement d’un projet. Elles deviennent alors des sortes de ‘mères porteuses’, plus communément appelées ‘incubateurs’.
Le mouvement maker a donc déjà vu éclore toute une série d’inventeurs, d’entrepreneurs, de faiseurs. Et ce n’est pas près de s’arrêter.
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