Môm’artre est un réseau de garde pas vraiment comme les autres : depuis 2001, cette association propose dans plusieurs villes de France un mode de garde pour les enfants de 6 à 11 ans aux horaires élargis, aux tarifs adaptés aux revenus de chacun et qui éveille les enfants à l’art. Les salariés sont tous des artistes de formation qui permettent aux enfants de développer leur créativité. Anne-Laure Bourcin, responsable de la communication, nous raconte comment Môm’artre s’est développé au cours des 17 dernières années et comment il contribue à inventer le futur de la garde d’enfants.
Anne-Laure Bourcin
Responsable communication du réseau Môm'artre
U&R
Quelle est la genèse de Môm’artre ?
A-L B
Ça a commencé en 2001, dans le 18e arrondissement de Paris, quand la présidente et fondatrice Chantal Mainguené a imaginé le mode de garde idéal qu’elle aurait voulu avoir pour ses enfants. Elle s’est retrouvée en situation monoparentale et s’est rendu compte que c’était très compliqué pour des foyers comme le sien, en termes de tarifs, d’horaires peu souples, etc. C’est comme cela que ça a commencé, avec dès le début un fort accent sur les pratiques artistiques. On dessert des écoles qui sont au maximum à15 minutes à pied de l’établissement : tous les soirs les animateurs vont chercher les enfants, puis c’est le goûter, l’aide aux devoirs et les ateliers artistiques. L’idée, c’est que l’art soit vecteur d’un savoir-être individuel et collectif qui est indispensable au développement de l’enfant et à son bien-être. Cela l’aide à devenir un adulte autonome, capable de faire des choix et d’exprimer son opinion. Après les vacances scolaires, on lance un nouvel atelier autour d’une discipline artistique. Les enfants choisissent leur projet, apprennent auprès de nos animateurs qui sont des artistes, et présentent leur travail aux parents et aux équipes lors d’un vernissage qui a lieu la veille des vacances d’après. C’est toujours un super moment de les voir partager leurs créations.
U&R
Quelles sont les missions sociales de Môm’artre ?
A-L B
Il y en a plusieurs. D’abord, on adapte nos tarifs aux revenus des parents pour que tous puissent en bénéficier, surtout les familles monoparentales car c’est là que souvent les difficultés se concentrent. Le soir, nos tarifs vont de 10 centimes à 10 euros de l’heure. Nous fonctionnons avec une logique de territoire et de quartiers, avec énormément de prescripteurs et de relais comme des assistants sociaux qui peuvent réorienter des enfants vers nous. Eux ont une totale gratuité. L’un de nos objectifs, c’est de créer les conditions de la mixité sociale. Nous nous implantons d’ailleurs dans des quartiers où nous allons pouvoir créer ces conditions, par exemple des quartiers où on n’a pas beaucoup accès à la culture, dans des poches de pauvreté où les difficultés sociales sont concentrées. Ensuite, il y a un impact pour nos animateurs, que nous recrutons et salarions. Ce sont tous des artistes, on sait que c’est une situation assez précaire : être salariés leur donne accès à des formations et compétences qui permettent de sortir de cette précarité. Aujourd'hui, nous avons un réseau de 13 lieux d’accueil qui touchent 1100 familles et 1800 enfants sur l’année. Nous intervenons aussi dans les écoles, où 2500 enfants participent chaque année à des projets artistiques proposés et animés par nos artistes.
U&R
Comment vous positionnez-vous sur le secteur de la garde d’enfants, et comment le voyez-vous évoluer ?
A-L B
Nous ne voulons pas être associés à l’idée de garderie récréative ou de centre de loisirs. Nous avons une vraie pédagogie, une expertise dans l’animation d’ateliers artistiques auprès des enfants. Nous avons formalisé une pédagogie bienveillante, fondée sur le coopératif et le bien-vivre ensemble, et c’est ce qui fait notre force et notre différence. Pour l’avenir, nous voulons continuer à nous développer et démultiplier l’impact. D’abord avec la formation : nous avons créé en 2014 un organisme de formation pour nos artistes animateurs. Ensuite en implantant plus de lieux d’accueils. En septembre 2017, nous avons lancé un projet à Argenteuil qui préfigure peut-être l’avenir de la garde : il est dans la gare SNCF, pour être sur le trajet des familles qui passent forcément par la gare. À Marseille, nous avons un accueil aux Terrasses du port, à la Friche Belle de Mai qui est une résidence artistique, au Théâtre de la Criée, etc. Notre force, c’est notre capacité à innover et à chercher des propositions de garde inédites inattendues.