Ce restaurant nantais a ouvert ses portes il y a un an avec un objectif : créer un lieu d'échange et d'insertion sociale et professionnelle pour les personnes sourdes.
Nantes bouillonne décidément d'initiatives inclusives. Après le succès du Reflet, ce restaurant qui emploie en majorité des personnes porteuses de trisomie 21, le centre-ville abrite depuis un an La Papotière, un établissement bilingue Français-langue des signes.
À l'origine du projet, la rencontre de deux jeunes femmes : Kanayman et Imane. La première, entendante, la seconde, sourde signante (qui s'exprime en langue des signes, ndlr). Elles se sont trouvées lors d'une formation pour devenir animatrices en langue des signes. « Nous avons décidé de créer un lieu où l'on pourrait instaurer une mixité sociale entre les personnes sourdes et entendantes, un endroit d'échange afin d'insérer socialement et professionnellement des personnes signantes », se souviennent-elles.
« Droit de s'épanouir au travail »
L'accès à l'emploi est en effet très difficile pour les personnes sourdes. « Leur intégration dans une entreprise nécessite des frais (interprète, visio-interprétation...) que les employeurs ne sont pas forcément prêts à prendre en charge ». Or « tout le monde a le droit de s'épanouir au travail », martèlent les fondatrices de ce restaurant. Le projet était né. Il a fallu ensuite six mois pour trouver le local adéquat et effectuer une levée de fonds ; une campagne de financement participatif a permis de récolter 10 000 euros. Deux ans et demi de travail qui ont mené à l'ouverture de La Papotière, dont le nom signé symbolise le fait de pouvoir communiquer en signes et en français écrit.
Dans l'équipe, en salle et en cuisine, cinq personnes dont trois sourdes. « Pour nous, l'important n'est pas de nous focaliser sur la surdité mais surtout de montrer que nous pouvons communiquer ensemble, en langue des signes ou non ». Pour commander ses petits plats ou échanger avec l'équipe, des illustrations sont présentes partout pour indiquer les signes adaptés. Ceux qui n'osent pas « peuvent tout simplement pointer du doigt ce qu'ils souhaitent. Tous les plats sont en exposition ». Les réservations se font par Internet : mail ou via la page Facebook de la Papotière. Et dans les assiettes, la qualité est de mise : les cuisines travaillent principalement avec des produits frais et locaux.
Ateliers de langue des signes
Plus qu'un « simple » restaurant, La Papotière propose depuis son ouverture des ateliers de découverte de la langue des signes, à la fois pour s'initier et enrichir son vocabulaire pour les entendants qui ont déjà des bases. « Rappelons que c'est une langue, qui a donc une histoire, une structure grammaticale et que ce n'est pas en une heure que l'on deviendra bilingue », insiste l'équipe. Mais le but est là : valoriser la LSF (langue des signes française).
En un an de vie, l'établissement n'a pas traversé que des moments faciles, entre « les manifestations des gilets jaunes, le premier confinement, puis le second. Mais les clients ont toujours répondu présent, et nous avons déjà quelques habitués ! » L'équipe ne se laisse pas abattre et s'adapte : pour ce deuxième confinement, La Papotière propose un brunch à emporter ou en livraison le dimanche. « Cela nous redonne le sourire malgré un avenir incertain ».
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