D’un côté, les cadeaux high-tech, toujours assurés de faire sensation. De l’autre, la vogue des cadeaux faits main, des coffrets DIY, des box qui offrent une expérience plutôt qu’un objet, etc. Qu’est-ce que ces tendances disent de notre rapport aux objets et au fait de faire plaisir ?
Comme le retrace ce sujet de France TV Info sur les cadeaux de 1940 à aujourd’hui, les cadeaux à la mode ont évidemment changé au fil des ans. Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’aux années 1960, les cadeaux sont très genrés : engins de guerre et costumes de martiens pour les garçons, poupées et maquillage pour les filles. Les femmes se voient offrir des savonnettes et les hommes des mallettes en cuir. C’est avec l’arrivée du jeu vidéo à la fin des années 1970 et surtout dans les années 1980 que les cadeaux stars deviennent plus ou moins les mêmes pour tout le monde, inaugurant une tendance toujours valable aujourd’hui : le cadeau high-tech, plébiscité pour les fêtes de fin d’année comme pour les anniversaires.
Il est par définition difficile de trouver des statistiques sur les cadeaux d’anniversaire, puisque tout le monde ne le fête pas au même moment. Mais observer les tendances des cadeaux de Noël s’avère instructif. L’institut GFK estimait ainsi en novembre dernier que Noël 2017 devrait être encore plus high-tech que 2016, avec une augmentation de 5% de la dépense moyenne en cadeaux technologiques. Tout en haut du podium figurent les classiques smartphones, suivis des téléviseurs et des ordinateurs portables. Mais plein de petits nouveaux se frayent un chemin dans le classement : enceintes sans fil et consoles de jeux, sans surprise, mais aussi drones, montres intelligentes, accessoires de réalité virtuelle, appareils photo numériques instantanés (la version 2.0 des Polaroid) et engins de mobilité électrique. Selon une très récente étude Cetelem/Harris Interactive, ce sont tout de même les hommes qui aiment le plus faire ou recevoir ce type de cadeaux : ils sont 82% à aimer acheter des produits technologiques, contre 69% pour les femmes. Quant aux raisons pour lesquelles ces cadeaux sont si populaires, cela tient certainement d’abord à l’attrait de la nouveauté : les innovations technologiques sortent à un rythme soutenu. En offrir une, c’est s’assurer de faire un cadeau a priori inédit, avec un indéniable facteur “waouh”. Autre élément : le prix. Les smartphones, ordinateurs et consoles sont devenus un cadeau de choix pour les parents, qui offrent ainsi à leurs enfants un objet qu’ils ne pourraient pas se payer tout seuls.
Mais en parallèle de cette tendance, on observe aussi une mode quasiment inverse : l’attrait pour des cadeaux écolo et responsables, ou alors faits main, ou alors pas de cadeau (ou plutôt pas d’objet) du tout. Comme pour résister à la connexion permanente et à la consommation effrénée ? Selon l’étude Cetelem/Harris Interactive déjà citée, 83% des Français déclarent en effet préférer consommer moins mais mieux. Cela passe par acheter des produits fabriqués en France (70% des Français sont prêts à payer plus cher dans ce cas, surtout les plus de 35 ans) mais aussi par ne pas gaspiller, pour 96% des répondants. Ces préoccupations, assez logiquement, se retrouvent dans la manière dont on fait des cadeaux.
Ces dernières années, on a ainsi vu se développer massivement les box cadeaux, qui permettent d’offrir une expérience plutôt qu’un objet -- assez logique à une époque où l’accès prime de plus en plus sur la possession, faisant d’ailleurs le succès des plateformes d’échange en ligne. À côté des expériences uniques (un week-end sur la route des vins ou une journée dans un spa), le secteur des box mensuelles est florissant, comme le relève un article de la BPI. Elles permettent de faire un cadeau qui s’inscrit dans la durée et correspond aux goûts de la personne à qui on l’offre. On compte aujourd’hui environ 300 box différentes. À côté des cosmétiques, on peut ainsi offrir un abonnement pour recevoir régulièrement du vin, des fleurs, des recettes ou des kits pour fabriquer des objets soi-même.
Ces cadeaux témoignent d’un besoin de reconnexion : l’objet offert n’apparaît plus par magie, il est au contraire le résultat d’un processus que l’on prend le temps d’accomplir, seul ou avec un artisan qui nous guide. L’exact opposé du smartphone ou de la console, objets “magiques” par excellence que l’on serait bien en peine de fabriquer soi-même. Entre ces deux tendances lourdes du cadeau se dessine notre rapport à la consommation : certes, on ne peut résister à des objets de haute technologie qui font rêver. Mais pour tout le reste, on préfère les faire soi-même, ou carrément s’en passer au profit d’une expérience. Un bon résumé de notre époque, qui de plus en plus cherche à consommer moins et mieux.
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