Comment faire entrer la visite au musée dans les habitudes culturelles du plus grand nombre ? La technologie a quelques réponses… mais pas toutes.
Il y a d’abord le fait de rendre le musée accessible quand il ne l’est pas physiquement. L’ONG Micro fabrique des micro-musées de la taille d’une cabine téléphonique installables partout (aéroport, place de marché, bibliothèque, salle de classe, salle d’attente d’un hôpital, etc.). L’ambition est de rendre l’éducation à la science accessible à tous et partout, sans avoir à se rendre dans des lieux de savoir. Il existe pour le moment deux micro-musées, le Smallest Mollusc Museum et le Perpetual Motion Museum, et un nouveau sera rajouté tous les six mois. Dans une veine légèrement différente, le projet NuMu a été lancé par le duo d’artistes Jessica Kairé and Stefan Benchoam. NuMu signifie Nuevo Museo de Arte Contemporáneo, et c’est peut-être le plus petit musée du monde : c’est une sorte de kiosque en forme d’oeuf de 2 mètres sur 2,5 mètres, installé à Guatemala City, où sont montrées les oeuvres d’artistes latino-américains. NuMu organise aussi des programmes à destination du public et soutient des artistes émergents, et en 2017 il a entrepris une grande tournée qui l’a mené du Guatemala au LACMA, le musée d’art contemporain de Los Angeles.
Il y a aussi le fait de rendre le musée accessible à ceux qui ne peuvent pas toujours l’apprécier au mieux, cette fois grâce à la technologie. Dans le cadre de son exposition Picasso Mania, à Paris, le Grand Palais avait ainsi proposé des lunettes connectées à destination des personnes sourdes et malentendantes, pour qu’elles puissent obtenir des sous-titrages ou une traduction en langue des signes française. Au Château d’Orion, il était difficile d’aménager le site pour les personnes à mobilité réduite : grâce à un robot de visite baptisé Norio et piloté depuis un ordinateur, il est désormais possible de voir les salles du premier étage par écran interposé. La visite, “bien que distante, est simple, réelle et autonome”, se félicite le château d’Oiron. Aux États-Unis, le musée d’art contemporain de Chicago a, lui, instauré un système collaboratif auprès du personnel du musée pour qu’ils et elles décrivent les œuvres d’art à destination des visiteurs malvoyants.
Enfin, rendre le musée accessible à tous, c’est aussi y faire venir tous les âges et les catégories sociales. Plus la rencontre avec les lieux de culture se fait tôt, plus elle a de chances d’être pérenne. Les musées proposent déjà nombre d’initiatives, comme la gratuité pour les enfants, les chômeurs et les jeunes. Avec Chèques Culture ou les cartes C'kdo Culture & loisirs, distribués par les comités d’entreprise, l’art peut aussi se découvrir en famille, avec des tarifs réduits pour visiter de nombreux musées partout en France. Et que la culture ne paraisse plus être un luxe.
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